Comme beaucoup de petites filles de son âge, ma fille de 3 ans adore la couleur rose. Que ce soit pour les habits, les chaussures, les accessoires, les ballons offerts à la pizzeria ou même les aliments, si elle a plusieurs alternatives, elle va toujours choisir le rose. Je sais qu’elle préfère la glace au chocolat plutôt que celle à la framboise, mais comme c’est rose, elle va choisir celle à la framboise (et en laisser la moitié). Quand on joue ensemble à la pèche à la ligne, elle me tend la canne verte et garde la rose.
Entre nous, je vous avoue, j’en ai marre du rose. Cela m’énerve au plus au point que la société ai pu nous imposer une couleur pour les filles et une autre pour les garçons.
L’origine des couleurs genrées
Saviez-vous que cette sexualisation des couleurs a quasiment toujours existé? Dès l’antiquité grecque, les parents préféraient avoir un garçon plutôt qu’une fille, un garçon ayant une plus grosse force de travail qu’une demoiselle. Cette dernière était même considérée comme un coût car on devait économiser pour sa dot de mariage. Avoir un garçon était donc un don du ciel, d’où l’attribution du bleu aux p’tis gars!
Pourtant au moyen âge, les codes couleurs sont inversés, le bleu représentant la pureté de la vierge Marie et le rouge pale (donc le rose) à la virilité des garçons. On retournera aux codes couleurs d’aujourd’hui par le biais de la Marquise de Pompadour qui trouva cette couleur si fine et élégante qu’elle lança la mode parmi les petites filles de la cour.
Quand les inconnus s’en mêlent
Comme c’est ancré dans l’inconscient des gens que le rose est destiné aux filles et le bleu aux garçons, il arrive que des personnes à qui on n’a pas demandé leur avis s’en mêle. Alors qu’elle n’avait pas encore 1 an, nous étions ma fille, son papa et moi-même dans un restaurant de notre quartier. A un moment, une dame ayant l’âge d’être mamie s’adresse à ma fille et lui dit «et comment il s’appelle ce beau garçon?». On lui avait mis ce soir là un jean couleur denim brut et un gilet bleu clair. Je lui réponds alors avec un sourire «c’est une fille, elle s’appelle …….». En temps normal, la personne dit «Ah, désolé», auquel on répond que ce n’est pas grave car il est parfois encore difficile de distinguer le sexe à cet âge là. Puis chacun retourne à sa table.
Là j’ai eu le droit à une réplique plutôt conventionnelle et quelque peu cinglante. Toujours en s’adressant à ma fille, elle m’envoie alors ce message, avec le sourire bien entendu «et bien il faut dire à ta maman de ne pas te mettre de gilet bleu». Et paf, dans ta pomme!
Voilà comment beaucoup de personnes jugent encore, à travers les couleurs portée, de l’identité d’une personne. Et elles ne savent pas les dégâts qu’elles peuvent faire.
Comment j’arrive parfois à contourner ses envies de rose
Nous avons la chance d’acheter très peu de vêtements, bénéficiant de ceux de nos nièces. Par chance, les couleurs d’habits sont assez variées et quand il y en a beaucoup d’une même taille, je fais une présélection pour qu’il y ait vraiment de toutes les couleurs, et pas seulement du rose.
Malgré cela, ma fille a pendant quelques mois fait une grève du jean en disant que c’était pour les garçons. J’ai réussi péniblement à réintroduire le sien en lui montrant qu’il y avait des étoiles roses sur l’intérieur de sa ceinture élastique. Et ça me gène d’avoir trouvé cette excuse pour qu’elle accepte de le mettre lorsqu’il n’y avait plus que ce pantalon de propre dans ses affaires. J’avais bien essayé le «tout le monde porte des jeans» ou «regarde moi, je suis une fille et je met un jean bleu tous les jours quasiment», ça ne marchait pas.
Je me dis que ça peut prendre du temps de défaire les préjugés qui ont déjà été mis dans les petites tête de même pas 3 ans, donc je fais preuve de patience et d’astuces dont je ne suis pas toujours fière. Mais pour sa dernière paire de chaussures, elle a choisi d’elle-même une paire violette ! Comme quoi, mes efforts payent 🙂
Les conséquences au delà de la couleur
Mais au-delà de la couleur rose ou bleue, c’est toute la symbolique véhiculée qui met des étiquettes à nos enfants qui me dérange. Le rose, c’est mignon, c’est élégant et féminin. Quand on a un beau vêtement rose clair, on permet peut-être moins à son enfant de jouer comme bon lui semble. Combien de fois ai-je entendu au parc un commentaire de ce genre: «Relève toi, tu vas salir ton beau manteau, ta belle robe ». L’habit étant bien souvent rose clair ou tout blanc, ce commentaire s’adresse bien souvent à des filles plutôt qu’à des garçons.
La couleur rose, les petits nœuds et les paillettes recueillent plus de commentaires positifs de l’entourage de l’enfant plutôt qu’un jean et un tee-shirt sympa coloré. Trouvez-vous juste qu’un enfant soit plus valorisé qu’un autre par rapport à son aspect extérieur? Les enfants le ressentent très tôt et nous le font comprendre avec une grève du jean ou autre chose.
Et vous, que pensez-vous de l’attribution des couleurs dictée par la société? Comment la gérez-vous de votre côté?
N’hésitez pas à me le dire en commentaires.