Mentir à son pédiatre ?

Je pense que les femmes enceintes peuvent être perplexes voire choquées à la lecture du titre de cet article. En revanche, je sais aussi que beaucoup de mamans ont un petit sourire au coin des lèvres et savent exactement pourquoi j’évoque cette question. Alors aujourd’hui, je jette un pavé dans la marre dans le monde des professionnels de la santé et je pose la question suivante: pourquoi certaines mamans en arrivent-elles à mentir à leur pédiatre?

Les sujets sur lesquels il ne faut surtout pas mentir à son pédiatre

Avant d’évoquer les sujets sur lesquels certaines mamans ne disent pas toute la vérité, il me semble essentiel d’évoquer ceux sur lesquels tu ne dois surtout pas mentir à ton pédiatre. Il me paraît évident qu’il ne faut surtout pas occulter les informations importantes qui pourraient risquer la santé de ton enfant. Le rôle du pédiatre est de veiller à ce qu’il se développe bien tant au niveau physique que psychique.

Tu vas donc l’informer de ses maladies, s’il prend un traitement particulier actuellement, s’il a une allergie, s’il a des antécédents familiaux, s’il a une affection au long cours. Normalement toutes ces informations ont été notées dans le carnet de santé si tu l’emmènes bien avec toi à chacune de tes visites chez le médecin, mais si le pédiatre te pose la question, répond en toute honnêteté, il en va de la santé de ton enfant. De même, s’il a des difficultés à se nourrir ou à aller à la selle, informe-le.

Néanmoins, il reste des sujets sur lesquels des mamans se sentent peu en confiance avec leur pédiatre. Et bien souvent, cela a trait à la personnalité et au degré d’ouverture du médecin.

Un pédiatre culpabilisant

En tant que parents, on ne désire pas que son enfant tombe malade. Malheureusement, ce sont des choses qui arrivent et c’est bien pour cela qu’en dehors des visites de routine, on se rend chez le pédiatre.

Ma fille a eu son premier rhume avant d’avoir 1 mois. Malgré les précautions prises, c’est sûrement moi qui lui ai transmis le mien. Notre nouveau-né ayant des difficultés à respirer, nous avons tout de suite pris rendez-vous chez la pédiatre du quartier.

C’était il y a plus de 4 ans maintenant, mais je me rappelle encore comment, peut-être sans le vouloir, elle nous culpabilisait. Pendant toute la consultation, elle répétait inlassablement «mais qu’est-ce que c’est que cette petite qui tousse ! » . Toutes ses répétitions, je les prenais directement comme une accusation, comme si elle nous disait « mais comment se fait-il qu’elle tousse ? Qu’avez-vous fait (ou pas fait), monsieur et madame les parents ?». J’aurai cent fois préféré qu’elle me montre lentement comment bien moucher un bébé au lieu de le faire en un éclair avec ma fille, en répétant inlassablement sa tirade vindicative.

Résultat : je suis sortie presque en pleurs du cabinet avec le sentiment d’être une mauvaise mère qui n’y arriverait pas avec son enfant.

Est-ce ce type de sentiment qu’un pédiatre doit faire passer au parents, qu’ils sont nuls et incompétents ? Ne méritent-ils pas plutôt des conseils et des explications en lieu et place des réprimandes ? Nous sommes des supers débutants à ce moment là et nous avons juste besoin qu’ils se mettent à notre niveau.

J’imagine que si elle se comporte comme cela avec toutes les jeunes mères, il est fort possible qu’elles ne lui disent pas toute la vérité pour ne pas se faire gronder lorsqu’elles ne réussissent pas encore à tout faire comme il faut. Peut-être risquent-elles d’occulter, par peur d’être jugées, des informations importantes pour la santé de leur bébé?

 

Un pédiatre qui te prend de haut

Certains professionnels ne se rendent pas compte que quelque-chose qui semble évident pour eux peut ne pas l’être pour un parent qui n’a jamais vécu la situation en question. Quand on devient parent, il est fort probable que notre expérience du bébé soit proche de zéro et qu’on ait tout à apprendre!

Alors oui, on peut poser des questions qui leur paraissent bêtes et certains ne se gênent pas pour nous le faire savoir, et pas de la façon la plus bienveillante qui soit. Imagine que tu aies du mal à changer une couche et qu’on te regarde avec de grands yeux ahuris et qu’au lieu de te montrer en quelques minutes comment le faire correctement, on t’explique cela en une dizaine de mots et surtout sans aucune démonstration. Serais-tu prochainement tentée de mentir sur ta dextérité avec bébé?

Il y a aussi ceux qui répondent par monosyllabe tout en continuant de taper l’ordonnance sur leur clavier d’ordinateur, dans le but d’écourter au plus vite la consultation. Pour les réponses précises à nos questions, on repassera.

 

Un pédiatre qui rejette le maternage proximal

S’il y a bien une question qui divise de nombreux pédiatres, c’est le maternage proximal. Il n’y a qu’à voir les commentaires des forums pour s’en rendre compte:

 « Et ma pédiatre m’envoie en pleine figure en fin de consultation, après m’avoir prescrit un tube d’homéopathie pour “détendre” ma puce : “oh je crois surtout que vous avez du mal à la sevrer !!! »  (l’enfant a 9 mois dans cet exemple) ou encore « La pédiatre me dit de la laisser pleurer au moins 1/4 d’heure » (le bébé a 2 mois et demi dans ce topic là !) . Une blogueuse raconte ses péripéties dont je te livre aussi un extrait :  Dr la Morale m’en remets une couche « je n’ai qu’un seul remède, ne pas vous relever pour lui donner à boire(Ah, ben merci j’y avais jamais pensé!)…”oui, mais il faut leur donner de l’autorité ! ” .

Voilà pour les exemples sur le net.

J’ai rencontré 2 mères de jeunes enfants ce week-end et chacune d’elle m’a avoué mentir à son pédiatre. La première lui disait qu’elle ne nourrissait plus son bébé de 7 mois la nuit alors qu’elle l’allaitait à la demande. L’autre maman cachait au sien qu’elle prenait son fils dans ses bras pour le rendormir alors qu’il lui avait conseillé de le laisser pleurer dans son lit pour lui apprendre à ne plus avoir besoin de ses parents pour cela. J’imagine que ces médecins ne sont pas vraiment copains avec Catherine Gueguen ou William Sears !

Et tu sais quoi? Ma pédiatre non plus ne fait pas parti de l’équipe des pédiatres pro-maternants ! Bon, pas au niveau des deux médecins cités au dessus mais quand même, elle n’est pas vraiment fan du truc. Mais comme je ne la vois que pour les examens obligatoires du carnet de santé, je prends sur moi pendant les 10 minutes du rendez-vous.

Parce qu’il est vrai que lorsqu’elle me dit sur un ton blasé « Vous allaitez toujours ? » ou « Ca y est, elle dort dans sa chambre ? », je devine sur son visage une lueur de désespoir quand je lui réponds que « oui, j’allaite toujours ma fille de 3 ans et elle dort toujours dans notre chambre ». Sa chambre est prête, elle ira quand elle le voudra. Quand au sevrage, bien que je n’allaite plus à l’extérieur pour qu’elle ne soit pas moquée , je désire qu’il soit naturel ( edit du post, le sevrage s’est fait avec l’accord de ma fille à 3 ans et 4 mois).

Tu comprends pourquoi ma fille a rapidement été suivie par notre généraliste lorsqu’elle tombait malade ?

Les raisons pour lesquelles je ne lui mens pas

Je pourrai moi aussi mentir à ma pédiatre mais j’ai décidé que je ne le ferrai pas. Pourquoi ? D’une part, parce que je me fiche qu’elle me trouve pitoyable. Je suis en accord avec ce que je fais actuellement avec ma fille. Je pense que cela nourrit un fort lien d’attachement et lui donne confiance en elle.

Mais surtout, parce que je préfère être une de ces mères qui lui fait état de la réalité, de ce qui se passe au quotidien au sein de nombreuses familles dans notre pays, car je pense que plus nombreuses nous seront à le faire, moins certains pédiatres se permettront de nous juger sur ces pratiques de maternage proximales qui sont légion sur la majeures parties des endroits dans le monde !

Plus nous serons nombreuses à dire la vérité concernant le sommeil de nos bébés, l’allaitement, le portage, moins certains pédiatres se permettront d’annoncer des chiffres erronés sur l’âge « normal »  auquel bébé doit faire ses nuits, doit être sevré ou doit abandonner la tétine. Par conséquent, moins de mères qui doutent sur ces sujets se laisseront convaincre d’affamer leur bébé la nuit ou de le laisser en pleur seul sans aucun réconfort humain, tout ça pour qu’il rentre dans des cases.

Alors voilà, si tu te sens le courage de ne pas mentir à ton pédiatre et de lui exprimer qu’il est normal que tu ne saches pas tout faire avec ton nourrisson, que tu lui poses des questions mêmes si elles peuvent sembler bizarres, et que tu arbores fièrement ton choix du maternage proximal, dis-toi que cela servira peut-être à limiter (voire modifier ? ) certains agissements inadéquats de la part de certains professionnels.

Surtout, n’hésite pas à relayer cet article aux femmes enceintes de ton entourage ou a des mamans de tous jeunes enfants, cela pourra les rassurer.

Et fais moi part de tes expériences , je suis curieuse:)

NB : cet article fait référence aux pédiatres, car c’est le professionnel qui revient le plus lors des discussions entre parents ou sur les forums. Mais il est évident que des problématiques de ce type peuvent se rencontrer avec tout professionnel en lien avec les parents ou les enfants.